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20 octobre 2022 4 20 /10 /octobre /2022 15:22

C'est dans un parc dessiné par le jardinier planétaire Gilles Clément, que je croisais une petite famille singulière : le bambin qui marchait tout juste avait une telle sérénité que je ne pouvais m'empêcher de l'observer, ainsi que ses parents.

Dans le tumulte parisien, leurs liens doux et solides, palpable et presque visible tant ils étaient forts m'intriguaient de plus en plus. La théorie de l'attachement sécure de Bowlby me semblait ici illustrée au mieux : l'enfant explorait le jardin, venait à ma rencontre, tout en donnant à voir la bulle familiale dont il (se) savait être entouré.

 

Je n'avais pas encore rencontré d'enfants de cet âge aussi tranquille. Il semblait à la fois plus mature par sa concentration à explorer le monde, consciencieusement, et plus bébé par sa tranquillité de Boudha, dans sa démarche souple et bedonnante. Un drôle de contraste.

 

Je finis par oser en parler à ses parents. Ma question ne les surprit pas : "C'est un bébé de 40 jours !!" me répondirent-ils.

 

Mais qu'est ce qu'un bébé de 40 jours ?

 

Les parents, d'une bonne complicité, m'expliquaient ensemble que leur enfant était effectivement exceptionnel par sa sérénité et sa confiance. Ils entendaient cette remarque tous les jours. Ils savaient aussi pourquoi. Ils avaient eu la malchance d'être à New-York lors de la naissance de leur enfant, sans amis ni famille, et avaient du attendre 40 jours avant d'avoir la visite de la famille, puis encore quelques semaines avant de rentrer en France. Durant ces 40 jours, ils avaient vécu en peau-à-peau, le bébé toujours avec sa maman, sans aucune visite (interruption). Et c'était une pratique établie dans certaines cultures. On dit aussi que c'est la durée durant laquelle l'enfant aurait du être encore dans le ventre de sa mère s'il n'y avait pas cette naissance anticipée des petits humains, pour passer une tête dans un bassin rendu trop étroit par la verticalité et la marche bipède.

 

C'est certainement une façon de se synchroniser, mère et enfant, dans un relationnel animal, instinctif, moins perturbé par les entraves culturelles. On dit aussi que c'est la durée pour se remettre d'un choc, naissance ou décès, dans quelques religions. Quarante jours, c'est pour changer de peau. Changer d'univers, muer. Quarante jours pour apprendre à surfer sur les vagues de l'amour, se gorger de ce flot, s'en nourrir pour être solide par la suite.

Quarante jours pour muer en une famille où le père se retrouve intégré physiquement comme la société ne le lui a jamais permis, un homme aimé et aimant, protecteur et protégé.

 

Quarante jours pour les frères et les sœurs, baignés dans l'ocytocine et naitre eux aussi à cette nouvelle famille, plus riche ? Ou au contraire dans certaines familles on les éloigne à ce moment là.

 

Quarante jours pour établir la suprématie de la vie, de son flux naturel qui régit les liens d'une famille, sur toutes les contraintes de nos folles vies.

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